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long de sa maison, en prenant sa pose la plus majestueuse. Quand ils furent juste devant sa porte, il regarda Jeanne en face, et, après une seconde d’hésitation, porta la main à son bonnet. Mademoiselle de Mauguet éprouva au cœur un mouvement de violente antipathie. Cependant, devant ce salut direct, elle comprit qu’il fallait prendre immédiatement l’attitude qu’elle s’était promis de garder. À son tour elle fit une inclination de tête et passa.

Dès qu’elle fut hors du village, elle respira, comme soulagée d’une oppression douloureuse. Ce salut échangé avec Maillot lui avait été cruellement pénible. — Je me serais crue plus forte, pensait-elle.

Néanmoins, elle sentit toute l’importance de cette première rencontre, et remercia la Providence qui ne l’avait point faite hostile.

D’ailleurs, ses pensées, un instant ramenées à la vie réelle par cet incident, reprirent bientôt leur cours vers les pays enchantés où elles erraient depuis plusieurs heures. Jeanne s’abandonnait au charme persistant de cette bonne soirée passée au milieu d’un cercle d’amis dévoués, et se reposait dans cette bienveillance infinie dont elle se sentait entourée. Pour un instant, elle oubliait les froides résolutions de la raison et les cruelles nécessités de la vie. Elle se laissait aller au bonheur, à l’amour, et partageait la joie pure et entière de Louis.

Tous deux allaient au petit pas, laissant leurs montures errer au hasard. Ils ne parlaient pas, tant ils crai-