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rechercher son bouquet, s’occupa des chevaux, et brida lui-même celui de Jeanne.

Jamais le cœur ne lui avait battu si fort ; jamais le bonheur ne lui avait paru si proche.

Ramener Jeanne à Mauguet, chevaucher une heure à ses côtés, le long de ces chemins tant de fois parcourus jadis, rentrer avec elle un instant, arranger ces fleurs, lentement, dans les grands vases de la cheminée du salon, n’était-ce pas, pour lui, à cette heure, le dernier terme de la félicité terrestre ?

Comme les adieux lui semblèrent longs ! Comme il trouva que les recommandations de madame Margerie, du docteur, du curé, de M. Maurel, ne Unissaient point !… Et cependant, il n’aurait pas voulu presser le départ, de peur de hâter, en même temps, l’heure où la grand’porte de Mauguet se refermerait devant lui. L’attente du bonheur, c’était du bonheur encore !

Il sentait si bien le prix de cette occasion unique, qu’il souhaitait, en même temps, de dévorer les moments qui le séparaient du départ, et de prolonger ces petits incidents, pendant lesquels il tenait la bride du cheval de Jeanne, le flattait de la main, comme pour lui recommander son fardeau, et distribuait aussi, à tout le monde, les adieux et les bons souhaits.

— Allons ! à bientôt, n’est-ce pas ? — C’est convenu, monsieur Thonnerel ? répétait madame Margerie.

— Songez, mon cher Louis, que M. Maurel chassera, tout seul jusqu’à votre retour de Limoges ; car,