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commun, madame Margerie joignit la satisfaction d’offrir à ses hôtes un dîner servi comme on n’en servait nulle part ailleurs dans le pays. Non que les plats fussent d’espèce rare ou de trop haut goût ; mais la perfection se faisait sentir dans la moindre sauce, les daubes étaient exquises, les rôtis cuits à point, les hors-d’œuvre délicats et savamment apprêtés, le potage aromatique et bien consommé, le dessert enrichi de confitures délicieuses, de pâtisseries réussies, de fruits savoureux. Au demeurant, on dîna fort bien et de bon appétit. Louis lui-même, malgré la joie qui lui gonflait le cœur, se laissa entraîner par l’exemple. Jeanne vanta tous les mets, leur trouva une saveur particulière. M. Margerie fut content du triomphe de sa femme, et le curé, de la joie de tout le monde. Quant à l’ingénieur, qui était gourmand, il mangea à tête reposée, et but à petits coups.

La soirée se passa presque entière à table ; le dessert, le café, les liqueurs et les ratafias furent dégustés avec la lenteur réfléchie de la province ; puis on causa amicalement de mille projets. Ce fut une soirée intime pleine de charme. Tous étaient associés dans un même but, et se rencontraient dans une même volonté. Nul ne gardait au cœur une arrière-pensée. De telles réunions sont rares ; en fouillant bien dans ses souvenirs, combien en compte-t-on dans sa vie ?

Quand l’heure de la retraite fut venue, Louis alla