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de joie à l’idée de porter lui-même ces fleurs, en accompagnant Jeanne, de les grouper, de les disposer dans les vases. Il aurait voulu en faire une jonchée sous ses pas le long de la route. Quand il eut fini de cueillir, il lia son butin avec une corde et le déposa sur le gazon ; puis, il se pencha de nouveau vers la terre, chercha sous les feuilles quelques violettes, prit une branche de réséda et un bouton de rose, et porta ce mignon bouquet à Jeanne.

Elle le prit en causant, le respira et le mit à sa ceinture.

En suivant les allées du jardin potager, madame Margerie s’arrêtait de minute en minute devant les arbres fruitiers, pesait ses fruits, les sentait, appuyait légèrement le doigt près de la queue pour en apprécier la maturité ; puis, quand elle en avait trouvé un qui remplissait toutes les apparences de la perfection, elle le détachait doucement et le mettait dans son tablier.

Sous la tonnelle, elle interrogea le raisin comme elle avait interrogé les poires et les pommes de Calville. Les grappes furent choisies avec soin et posées en pyramides sur les feuilles rougies. Le long des espaliers, elle glana encore quelques pêches tardives, dites perceys ou pêches de vignes. Jeanne porta les pêches et les raisins, et l’on rentra.

Le dîner fut gai. Tous les convives étaient heureux de se trouver réunis, et M. Maurel lui-même se mit bien vite à l’unisson de cette intimité charmante. À ce plaisir