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— Cueillez-les toutes ! jamais elles ne pourront avoir une meilleure destination ; je n’aurais pas osé offrir à mademoiselle de Mauguet une poignée de ces fleurs sans parfum !

— Aussi n’est-ce point une poignée que je veux cueillir, mais bien une botte. Je les arrangerai dans les vases du salon du château en reconduisant ce soir mademoiselle Jeanne.

— Louis, je ne saurais consentir à vous laisser dépouiller pour moi le jardin de madame Margerie ! Ces fleurs font ici de magnifiques massifs. La terre sera bien vite nue et froide ; laissons-lui sa dernière parure.

Madame Margerie avait à peine entendu la proposition de Louis, que, sans attendre le refus de Jeanne, elle s’était mise à l’œuvre pour encourager le jeune homme par son exemple.

— Cueillez, cueillez, lui dit-elle ; cueillez encore, cueillez toujours. Je veux que le grand salon de Mauguet soit gai et fleuri, comme pour un jour de noces ! Allons ! encore ces chrysanthèmes blancs ! et ces rameaux de rosiers du Bengale ! Ajoutez des branches de laurier et des rameaux de giroflée violette ; coupez aussi des palmes de sorbier ; leurs baies rouges feront bien dans la masse. Allons ! allons ! Ce n’est point assez d’une botte, et vous porterez bien un fagot !

Tandis que Jeanne se défendait, Louis coupait avec ardeur les tiges et les rameaux. Son cœur bondissait