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réguliers, formait le jardin potager. Chaque carré était bordé d’une plate-bande plantée de fleurs et d’arbres fruitiers, dont la plupart portaient encore leurs fruits.

— La saison n’est plus guère favorable aux fleurs, s’écria madame Margerie, avec un accent de regret ; c’est du 20 mai au 20 juin, qu’il faut voir mon parterre ! J’ai les plus belles anémones du monde, j’ai des renoncules nuancées qui font des corbeilles éblouissantes ! j’ai des tulipes qui sont venues de Hollande. Ma collection de rosiers est aussi la plus complète du pays. Voici la jenny qui m’a été envoyée de Paris ce printemps : c’est la dernière variété obtenue par M. Boursault. Je vous donnerai, pour vos parterres, des griffes, des oignons, des boutures et des greffes.

— Vous voulez me faire la vie trop belle, à Mauguet, dit Jeanne ; mais vous avez tort de déplorer ainsi la saison. Voici encore des fleurs magnifiques, et vos fruits me paraissent valoir les plus belles tulipes du monde.

— Oh ! mais j’ai de beaux fruits comme j’ai de belles fleurs ; je vais vous les montrer maintenant, et j’espère bien vous les faire goûter au dessert.

— Voulez-vous me permettre de cueillir, pour mademoiselle de Mauguet, un bouquet de vos reines-marguerites ? demanda vivement Louis. Elles sont doubles et larges comme on n’en voit guère. J’y joindrai des chrysanthèmes et des roses du Bengale.