Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/88

Cette page n’a pas encore été corrigée

le saisit. Il fut heureux de devenir utile à mademoiselle de Mauguet, qu’il voyait aimée de tous, et que Louis lui avait dépeinte en amant enthousiaste et en ami respectueux ; mais, il se réjouissait aussi de renouveler la face d’une vaste propriété, de répandre la fertilité sur des terres incultes, de créer des prairies verdoyantes à la place de halliers inextricables.

— Voulez-vous venir attendre au jardin que le dîner soit servi ? demanda madame Margerie. Aussi bien, vous n’avez vu encore ni mes légumes ni mes fleurs.

Le curé causait musique avec Louis ; celui-ci ne répondait guère, tant la préoccupation de son cœur le possédait fortement. Jeanne ne voulait pas continuer plus longtemps avec le docteur et M. Maurel une conversation d’affaires. À la proposition de madame Margerie, tout le monde se leva et sortit. Dieux ! les belles plates-bandes et les plantureux carrés de légumes ! Madame Margerie triomphait. Jamais Jeanne n’avait vu des allées si unies, si bien sablées, si régulièrement bordées de buis ! Deux charmilles partageaient le jardin dans sa longueur, et deux tonnelles de vigne, alors chargées de muscats gris et de chasselas dorés, le coupaient transversalement. Sur le devant de la maison, le terrain se découpait en ronds, en losanges et en triangles, pour former un parterre et entourer un bassin, dont le jet d’eau lançait sur le gazon d’alentour ses plus riches cascades. Le reste du jardin, simplement divisé en carrés