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de ces familles dont le nom est resté célèbre dans les annales de l’art des émailleurs.

Il y avait alors une douzaine d’années qu’elle était mariée. N’ayant pas eu d’enfants, elle s’attacha passionnément à son ménage et à son jardin, aux mille détails de son intérieur. Aussi, aucune femme dans le pays n’avait une maison plus confortablement meublée, plus proprement tenue, du linge plus fin, plus blanc, mieux parfumé à la racine d’iris. On n’aurait pu trouver un brin d’herbe dans son jardin, ni un grain de poussière sur ses meubles. Quand elle donnait à dîner, sa table offrait les mets les plus succulents et les mieux accommodés. Elle avait su mettre dans les petites choses une incroyable perfection.

Mademoiselle de Mauguet lui fit la réception la plus cordiale et la plus affectueuse. C’était la seule femme du voisinage avec laquelle elle pût établir des relations vraiment amicales. Elle accepta l’invitation à dîner de madame Margerie, qui, pour la traiter, mit, connue on dit communément, les petits pots dans les grands.

Justement, ce jour-là, Jeanne reçut une lettre de son frère. Le vicomte ne songeait point à revenir, et laissait sa sœur absolument maîtresse de gérer Mauguet comme elle l’entendrait.

Elle arriva vers midi chez madame Margerie, et y trouva une société plus nombreuse qu’elle ne s’y attendait : au curé s’étaient joints Louis Thonnerel et M. Maurel, collaborateur de Cassini et ami du docteur.

D’abord la présence de Louis intimida Jeanne. Malgré