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IV

Le lendemain, Jeanne visita ses métayers, comme elle se l’était promis. Leurs observations, leurs demandes, leurs conseils, firent germer dans son esprit une foule d’idées pratiques. Elle vit en effet que son bois devait être sacrifié, et prit énergiquement son parti. En attendant cette ressource qui devait suffire amplement aux travaux urgents, elle disposa du peu d’argent qui lui restait pour faire fumer ses terres et pour louer des gens de journée qui aideraient les métayers dans leurs labours.

Partout elle trouva la bonne volonté et le dévouement. Les colons comprirent que leur intérêt marchait d’accord avec celui de mademoiselle de Mauguet.

Les bestiaux manquaient généralement, c’est-à-dire s’étaient peu à peu réduits à un très-petit nombre. Trois couples de vaches par domaine tiraient péniblement, à tour de rôle, l’araire de nos ancêtres, la charrue primitive, formée d’un soc, d’un timon, au bout duquel vient s’attacher le joug des bœufs, et de deux branches à l’arrière, sur lesquelles s’appuie le bouvier. — Et, disaient les métayers, il n’y a jamais trop de