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Jeanne se rendit compte de tous ces détails. Elle força son esprit rebelle à s’occuper des soins du ménage, mais rien ne put empêcher la pensée de Louis de l’accompagner sans cesse. Tout en comptant son linge et en rangeant sa chambre, elle causait avec lui, pour lui persuader de renoncer à elle, pour lui énumérer tous les empêchements qui les séparaient.

Elle visita les greniers et les chambres abandonnées que Myon n’avait point encore fait mettre en ordre. Çà et là elle reconnut des ustensiles et des meubles qui étaient déjà mis au rebut au temps de son enfance. Dans une pièce autrefois habitée par son frère elle trouva de vieux papiers, des lettres, des fragments de journaux. Ces papiers, sans doute, avaient été jetés là au moment du départ. Jeanne les ramassa dans la poussière, et les lut avec un intérêt inexprimable : c’étaient des comptes rendus des séances de l’Assemblée constituante, des récits des premières émotions populaires ; puis des lettres, insignifiantes alors qu’elles avaient été reçues, mais qui, maintenant, rappelaient les mille petits détails de la vie passée.

Elle retrouva une longue lettre d’elle, datée du couvent de Beaulieu, et une de Louis, datée de Paris. L’une était une homélie encore enfantine sur le malheur des temps ; l’autre semblait comme un écho vivant des bruits delà rue, des tempêtes parlementaires, des déclamations des clubs qui s’ouvraient à chaque carrefour.

Par un aperçu rapide elle entrevit l’heure du départ