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— N’importe ! S’il y a trop de boue, j’irai à cheval. Auras-tu les harnais nécessaires ?

— J’ai conservé ceux de mademoiselle.

— Bonne Myon ! reprit Jeanne qui se repentit de son mouvement d’humeur envers la dévouée servante. N’est-il pas naturel, pensa-t-elle, que la pauvre fille se croie en droit de donner son avis pour le gouvernement des biens qu’elle a gardés avec tant de soins ?

Cette distraction d’un instant tira Jeanne de l’état de prostration où l’aveu de Louis l’avait jetée. Elle s’efforça de s’occuper de mille soins d’intérieur, fit l’inspection complète du château, compta le linge et les meubles qui lui restaient, et donna des ordres pour faire boucher les trous des toitures.

Avec Myon et Nicou, elle avait sous ses ordres un domestique, loué par Myon dans le voisinage ; plus un jeune gars de quinze ans, envoyé par un de ses métayers.

Dans l’écurie, où piaffaient autrefois les chevaux nombreux de son frère et de son oncle, elle trouva une pouliche de quatre ou cinq ans, élevée sur les terres de Mauguet.

À côté de la pouliche, assez belle bête de pure race limousine, l’âne de Myon allongeait mélancoliquement son cou maigre pour atteindre au râtelier.

Deux chiens de garde avaient été attachés dans la cour d’entrée ; quelques volailles, que Myon avait prises dans les fermes, voletaient dans la basse-cour.