Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/72

Cette page n’a pas encore été corrigée

cation grave. Jeanne donna la sienne, mais avec embarras.

— Adieu ! adieu ! dit-elle. J’espère que vous arriverez avant l’ondée.

À peine eurent-ils franchi le portail du château qu’ils se séparèrent. Au lieu de suivre le chemin communal avec le docteur, Louis prit la traverse pour gagner au grand trot la route de Limoges.

Jeanne rentra précipitamment, courut à sa chambre, et s’agenouilla devant le crucifix de son alcôve. Elle pria avec ardeur, mais non pas avec recueillement, car il lui était impossible de dominer son esprit agité. En vain elle cherchait à s’interroger elle-même et à sonder son cœur ; un bouleversement général obscurcissait toutes ses facultés. Elle resta longtemps agenouillée, sans pouvoir arrêter l’effervescence de son cerveau. — Aimerais-je Louis ? se dit-elle avec une sorte de terreur.

Elle se leva et sortit dans l’espoir que l’air la calmerait. Quelques gouttes de pluie commençaient à tomber. Néanmoins, elle descendit le long des terrasses et gagna le bois.

En se promenant, elle apaisa un peu l’agitation de son sang, mais son esprit demeura aussi troublé. Elle se reprochait d’avoir encouragé l’amour de Louis, sans le vouloir, et de s’être laissé prendre le cœur naïvement, par les tendresses exaltées du jeune homme.

En cet instant, l’idée d’un mariage entre elle, qui se sentait déjà vieille d’expérience, et Louis, qu’elle con-