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En toute autre circonstance il aurait reçu avec joie la pluie sur le dos pendant deux heures, pour rester quelques instants de plus auprès de mademoiselle de Mauguet. Ce jour-là, il parut avoir une terrible frayeur des rhumes, et demanda son cheval sans retard.

Les chevaux furent bientôt sellés ; mademoiselle de Mauguet accompagna ses hôtes jusque dans la cour. Elle tendit, la première, la main au docteur en lui souhaitant une bonne tournée. Louis s’agita beaucoup autour de son cheval avant de monter en selle. Il arrangea sa bride, rajusta ses étriers, fit le tour de la jument du docteur, et critiqua l’allure et le port de cette bonne bête, qui s’appelait Lolotte et n’avait jamais désarçonné son cavalier. Tout cela prit dix minutes environ, et, au bout de ces dix minutes, il n’était pas plus décidé qu’auparavant à offrir à mademoiselle de Mauguet la poignée de main habituelle.

— Allons donc, Louis ! laissez en paix Lolotte, qui ne voudrait peut-être pas plus de vous pour cavalier que vous ne voudriez d’elle pour monture, et ne tenez pas plus longtemps mademoiselle Jeanne debout à nous attendre. Est-ce que vous avez peur que votre fier étalon ne vous jette en bas, la tête la première, à la descente du Petit-Limoges[1] ?

Louis rougit, et, par un brusque mouvement, tendit la main à Jeanne. Le cœur lui battait violemment, car, à cette heure, il attachait à cet adieu une signifi-

  1. Nom d’un des faubourgs de Limoges.