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— Docteur, docteur, ne vous emportez pas ; ne raillez pas si durement un moment d’hésitation bien naturelle. Je céderai à vos avis, vous le savez bien ! Vous me disiez hier que j’avais de la volonté et du courage. Croyez-vous donc que ce matin je n’en aie plus ? Mais vous les aimez aussi, vous, ces vieux arbres. Et voulez-vous que je vous dise d’où vient votre irritation ? C’est que vous ne pouvez vous défendre d’être ému vous-même : vous vous prêchez en me grondant, voilà tout.

Le docteur sourit et essuya une larme. Louis s’était éloigné. Jeanne se leva et prit le bras du docteur.

— Eh bien ! parlons affaires, dit-elle.

— Savez-vous, reprit-il, qu’avec vos arbres vous pouvez facilement faire une dizaine de mille francs ? On ne trouve pas partout des bois de construction pareils à ceux-là ! On ménagera, près du château, sur le talus qui s’élève entre les deux étangs, deux ou trois beaux chênes, autant de pins sur le versant, et tous ces jeunes ormeaux qui étaient jadis des buissons ; avec les peupliers et les saules qui bordent les étangs, cela vous fera encore un bel ombrage. Dix mille francs, sagement employés, changeront bien la face de vos domaines, croyez-moi.

— Qui achètera mes chênes à leur valeur, dans ce pays ?

— Je connais à Limoges un ingénieur distingué, un homme savant et modeste, qui me renseignera là-dessus. Mais j’y pense ! Si M. Maurel voulait bien