Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

des cultivateurs ! Non ! Il faut tirer vos ressources de votre propriété même !

— Cela me paraît difficile, mon cher docteur, répondit Jeanne en souriant, et en jetant sur ses domaines dévastés un regard moitié triste et moitié railleur.

— Je sais que cela vous coûtera,… que Mauguet découronné de ses beaux arbres aura un aspect bien plus désolé encore… Mais il le faut, et… vous y viendrez.

— Que voulez-vous dire, docteur ?

— Je veux dire que le bois d’acacia est un bois dur, excellent pour faire des chevilles de navire, et qu’à cette heure il se vendrait cher.

— Couper ces beaux arbres ! jeter bas, pour les vendre, ces acacias magnifiques qui se massent le long du chemin de Saint-Jouvent ? Y pensez-vous, monsieur Margerie ? s’écria Louis avec véhémence. Mais, mademoiselle, vous êtes née sous leurs ombrages, vous avez fait vos premiers pas dans ce chemin ! Votre père, votre mère, votre oncle, vos ancêtres, depuis des siècles, y ont marqué leur passage…

— Oui, dit M. Margerie ; mais le bois de chêne…

— Les uns, reprit Louis, les uns l’ont parcouru cent fois à la suite de leur meute lancée dans les taillis ; les autres ont veillé à son aménagement, à sa conservation. Combien de fois n’y ai-je point rencontré votre oncle, un livre à la main ! Combien de fois ne vous y ai-je pas vue, assise à côté de votre belle-sœur, cou-