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côté d’eux ; le curé est reparti, déjà depuis une heure, pour Saint-Jouvent, où sonne le troisième coup de la messe.

— Le fait est, docteur, dit Jeanne en regardant un massif d’arbres qui bordait vers la gauche du château un chemin défoncé, le fait est que voici de beaux acacias ! L’acacia pousse vite. Vous souvenez-vous, Louis, qu’ils étaient encore jeunes quand vous y grimpiez ? Les voilà, maintenant, presque aussi gros que les chênes du bois de haute futaie.

— Savez-vous que vous devez vous estimer heureuse de retrouver ce bois-là aussi intact, s’écria le docteur. J’ai vu des paysans patriotes se chauffer avec des arbres dignes de faire des mâts de navire, et ils ont ici oublié des chênes centenaires et des pins du Nord gigantesques.

— Voyez un peu la fière mine de votre manoir, entre ces deux étangs et ce magnifique bois, reprit Louis. En vérité, d’un peu loin, les ravages disparaissent. Il ne reste plus que l’ensemble majestueux et pittoresque.

— Oui, mais que de ruines cache cette apparence ! Dans vos terres en friche, l’ajonc et la fougère ont pris leur libre essor. Il faudrait presque défricher à nouveau une partie des champs des colons, et, quant à la réserve, elle est devenue un vrai hallier.

— Tout cela reverra de meilleurs jours. D’ici à trois ou quatre ans, si vous le voulez bien, mademoiselle Jeanne, les anciennes terres labourées vous auront