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beaucoup de dévouement. Ces fortunes-là ne se font pas en dix ans, comme celle des traitants et des fournisseurs. Si mademoiselle Jeanne veut entreprendre de refaire la fortune de sa maison, il faut qu’elle s’y donne tout entière, qu’elle y consacre toute sa vie…

— Oh ! mais, interrompit vivement Louis, ce sera au vicomte à continuer l’œuvre de sa sœur, quand il sera de retour ; une fois le domaine en état et la marche donnée…

— Le vicomte est incapable de s’occuper de son bien, même en j^rand seigneur ; comment s’en occuperait-il en simple fermier ? Non. Au point de vue de ses intérêts, le vicomte Raoul aurait besoin d’être mis en tutelle. Vous avez raison, mon cher abbé : si mademoiselle de Mauguet se mettait à faire de l’agriculture, il faudrait qu’elle prît la résolution de s’y consacrer uniquement.

C’était au tour de Jeanne de rester rêveuse. Les yeux baissés vers son assiette, et le front pensif, elle jouait du bout de son couteau avec les reliefs du dessert.

Louis semblait préoccupé aussi de la tournure que prenait la conversation. Sans doute l’importance de l’entreprise l’effrayait. Il promenait des regards troublés autour de la vieille salle à manger de Mauguet.

Cette salle à manger était d’une simplicité monacale. Des solives de chêne entre-croisées, que le temps avait brunies, formaient le plafond. Les murs