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disait tout à l’heure notre jeune ami ; vous relèverez votre maison et reconstituerez sa fortune… Au moins voilà ce que vous pouvez faire avec du courage et de la patience, chère mademoiselle.

— Est-ce vrai, docteur Margerie ? Êtes-vous sûr de ce que vous dites-là ? demanda Jeanne d’une voix vibrante et fortement émue.

— Oui, j’en suis certain, répondit M. Margerie avec conviction. Toute la soirée j’ai réfléchi à ce parti. Il est grand, noble, digne de vous.

— Après tout, pourquoi la science rurale ne s’étudierait-elle pas comme une autre et serait-elle plus inaccessible ou plus méprisée ? ajouta Louis Thonnerel. Pourquoi ne deviendrait-on pas fermier comme on devient helléniste ou mathématicien, si l’on juge la science agricole digne d’autant d’attention et d’étude que la langue de Périclès ou les formules d’Euclide ?

— Vous avez trop de volonté et de persévérance pour ne pas réussir, reprit M. Margerie. Dans vingt ou vingt-cinq ans, vous pouvez ainsi avoir refait la fortune de votre maison. Et puis, vous aimerez bientôt vos travaux, vos terres ensemencées, votre ouvrage enfin, vous verrez ! Pour mon compte, je sais que je me passionnerais pour une œuvre semblable !

— C’est une grave résolution à prendre, dit l’abbé Aubert. Pour essayer de refaire une fortune territoriale avec les débris que la révolution rend à mademoiselle de Mauguet, il faut une longue patience et