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tenu les prairies trop éloignées de l’habitation. Aujourd’hui les métairies ne rendent plus guère que de quoi nourrir les colons et le bétail.

— Alors, selon vous, docteur, Mauguet ne vaut que deux mille francs de ferme ?

— Oui, actuellement. Mais si les terres sont remises en valeur, il en vaudra rapidement le double. Seulement, un fermier forcé de récolter et de jouir ne peut entreprendre des réparations et des travaux qui dureraient plusieurs années et nécessiteraient des dépenses considérables. Il s’arrangera pour faire rapporter à ses terres le plus qu’il pourra, sans bourse délier. Vous pensez bien qu’avec un bail de neuf ans un fermier ne songera point à planter des arbres, à diriger des eaux et à défricher des landes. Il ne s’occupera avec ardeur que de la récolte des céréales. Or, en Limousin, et à Mauguet surtout, les principales richesses des propriétés consistent en prairies et en bois : le fermage ne sera donc jamais favorable au développement des fortunes territoriales…

— Mais, mon excellent ami, vous êtes un agriculteur, vous ; en théorie au moins. Vous savez le fort et le faible de toutes les méthodes de culture ; vous êtes capable d’apprécier la qualité d’un terrain et la valeur d’un bois. Moi, que ferai-je, en présence de mes deux cents hectares de terre dont les trois quarts sont en landes, châtaigneraies, halliers, pâturaux, taillis, etc. ?

— Eh bien ! vous vous ferez agriculteur, comme le