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rapportent peu en ce moment : d’abord parce qu’ils sont mal cultivés, ensuite parce qu’ils contiennent beaucoup de landes ; mais ils sont vastes. Défrichés ou mis en valeur, qui sait ce qu’ils pourraient devenir ? Les bâtiments d’exploitation ne vous manquent point non plus ; seulement ils sont délabrés. Vous avez un moulin, des granges, plusieurs logements de colons. Tout cela est en mauvais état, c’est vrai, mais peut être réparé. Si vous aviez une dizaine de mille francs à mettre en réparations, Mauguet changerait entièrement de face et on en offrirait plus de dix-huit cents francs de ferme.

— Oui, mais, docteur, je n’ai pas dix mille francs et ne saurais où les trouver.

— Peut-être… Des fermiers, en prenant aujourd’hui Mauguet à bail, tel qu’il est, ne peuvent guère en donner plus de dix-huit cents francs à deux mille francs. Je conçois cela. Il faut qu’ils vivent sur le bien, eux, leur famille et leurs gens. Or, la moitié des terres est en friche ; les métayers actuels, qui sont les mêmes que jadis, ont tiré ce qu’ils ont pu d’un sol dont la propriété était incertaine et discutée. Ils savaient que leur domaine pouvait être vendu d’un moment à l’autre, et que le nouveau propriétaire aurait le droit de les chasser. De plus, comme usufruitiers de biens nationaux, les percepteurs d’impôts les rançonnaient. Ils n’avaient aucun intérêt à améliorer la propriété ; au contraire. C’est pourquoi ils n’ont ni réparé leurs murailles, ni ensemencé les terres ingrates, ni entre-