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— Mais, demanda le jeune avocat en regardant le docteur Margerie, est-ce que les patriotes de Nieulle, Saint-Jouvent, Conore et autres lieux, étaient de bien fougueux démolisseurs ?

Le docteur continuait à être absorbé dans des réflexions profondes. Il ne prit pas la question pour lui et garda le silence.

— Pas précisément, si vous voulez, monsieur, dit Myon, qui se vit avec joie, pour le moment, le seul orateur en état de répondre, et sans cet infâme Maillot, ce brigand, cet assassin, ce damné !…

— Chut ! Myon, interrompit avec autorité l’abbé Aubert. Si Maillot a péché, c’est à Dieu de le juger, et non point à vous.

— D’ailleurs, les lois républicaines le protégent, ma bonne Myon ; elles en ont fait un magistrat… il est votre maire et…

— Alors, si mademoiselle elle-même trouve que Maillot a bien fait de faire déclarer le propre château de ses pères un bien national, si elle trouve qu’il est le légitime propriétaire des quatre domaines dont il l’a spoliée, volée…

— Myon, Myon, encore une fois, silence ! Ne comprendrez-vous pas qu’il pourrait être pour notre famille un ennemi d’autant plus dangereux que sa conscience doit lui faire plus de reproches ? Mais, malheureuse ! il pourrait à cette heure vous faire mettre en prison, et moi je ne pourrais pas vous en tirer.

— Me faire mettre en prison ! moi ! Myon Miroux !