Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Jeanne, elle, qui avait vu de ses yeux des orages politiques bien faits pour excuser de maternelles terreurs, et qui vivait tout entière en son petit-neveu, ne songeait pourtant qu’à la haute mission qu’il devait remplir. La noble héroïne n’hésitait pas plus alors devant le devoir qu’elle n’avait hésité jamais.

— Souviens-toi que tu es chrétien, Français et gentilhomme, lui répétait-elle comme le résumé de toutes les conversations où ils avaient pesé la valeur des principes d’autorité et de liberté, et fait la part des besoins nouveaux de la société et des droits légitimes des individus : chrétien, c’est-à-dire disciple de celui qui vint apprendre aux hommes qu’ils étaient frères ; Français, c’est-à-dire citoyen de la patrie du courage et de l’intelligence ; gentilhomme, c’est-à-dire que, dans cette patrie, tu dois compter parmi les meilleurs et représenter surtout l’honneur, la générosité, le dévouement.

— Oui, mon enfant, reprit le curé d’une voix douce et pleine d’autorité, défendez votre Dieu et votre patrie. Allez, droit et ferme, dans la voie qu’éclaire votre conscience, et n’en sortez ni par ambition ni par crainte.

— Et s’il meurt ? cria la mère.

Le vieux conseiller d’État secoua la tête, et fit un signe pour apaiser les craintes maladives de la vicomtesse, puis ajouta :

— Madame, Pierre a je crois écrite au fond du cœur la devise que vous savez : « Fais ce que dois… »