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trembler le fuseau de Jeanne, et deux larmes de plus roulaient sur le triste visage de Marguerite.

Enfin, une porte du salon s’ouvrit, et un jeune homme au port en même temps élégant et sévère, à la noble et intelligente physionomie, entra et vint s’asseoir auprès des vieillards.

C’est Pierre de Mauguet qui, après avoir fait ses études à Limoges et son droit à Poitiers, est revenu pour prendre des mains de sa grand’tante le gouvernement de son importante fortune territoriale.

Depuis quatre ans déjà il réside à Mauguet, où il emploie une fortune de cinquante mille livres de rente à propager les découvertes agricoles, à mettre en valeur de vastes parties de landes, à mener enfin, au fond de sa province, la noble et utile vie de gentilhomme propriétaire.

La mort récente de son père l’a fait chef de la famille, et bien qu’il compte, tout au juste, les vingt-cinq ans requis par la loi, le vote de ses concitoyens vient de le nommer représentant du peuple à l’Assemblée nationale.

Il doit partir le lendemain matin de bonne heure pour aller à Paris remplir son mandat, car nous sommes au 1er mai, et l’Assemblée se réunit le 4 en séance solennelle.

Tout semble en question dans l’ordre social comme dans l’ordre politique. Il ne s’agit plus seulement de savoir quel souverain logera aux Tuileries, quel directoire ou quel dictateur plantera sa tente dans ce