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des galettes de blé noir au beurre, un pâté de gibier froid et des châtaignes nouvelles décoraient la table de chêne que les servantes avaient disposée de leur mieux.

Mademoiselle de Mauguet trouva un grand fauteuil de cuir aux bras tors à sa place, et, tout autour de la table, des chaises de paille. Elle voulut faire les honneurs du fauteuil au curé qui refusa.

La servante au bonnet crénelé approuva ce refus par un geste et s’écria :

— C’était le fauteuil de votre père, mademoiselle, et il vous appartient de droit, jusqu’à ce que M. le vicomte soit revenu d’exil.

Jeanne sourit et s’assit de bonne grâce.

— Comme tu as retrouvé et réparé notre pauvre mobilier, ma bonne Myon, dit-elle en servant le potage. En vérité, on jurerait que depuis quinze ans le château s’est conservé comme celui de la Belle au bois dormant ! Je revois toutes choses à leur même place. Les meubles semblent à peine avoir été dérangés. Cependant, le temps n’a guère respecté nos vitres et nos murailles, étales patriotes du voisinage ont dû visiter nos greniers comme nos caves et nos bois…

— Mademoiselle sait bien que je n’étais pas loin, et, du moulin, je venais souvent ici entretenir les choses le mieux que je pouvais. J’avais barricadé les greniers et caché le linge. Mademoiselle devait être certaine que, du moment où je restais aux environs, son bien