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tion que j’avais pour Pierre lorsqu’il vint au monde, et que je regarde dans mon cœur de ce temps-là, il me semble, vous savez que je suis devenue un peu folle, pardonnez-moi ces visions,… il me semble que j’y vois un tableau de Véronèse, où la lumière s’éparpille sur mille objets brillants, femmes, fleurs, riches étoffes… un bel enfant se joue parmi toutes ces choses… Mais, dans mon cœur d’à-présent, c’est comme un tableau de Rembrandt, sombre, avec un seul jet de puissante lumière sur une tête adolescente. Cette tête est penchée sur un livre, et je vois passer sur le front les pensées comme des ombres… Je regarde, j’admire… j’attends le jet d’intelligence qui va jaillir… Et ma vie reste suspendue à cette jeune vie qui resplendit, au milieu de l’ombre, comme une étoile sur le néant.