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nerveux ne cessait point d’agiter ses mains et de faire osciller sa tête.

On espéra d’abord que le temps et le repos triompheraient de cette faiblesse ; que madame de Mauguet redeviendrait, sinon jeune et belle, au moins bien portante et forte ; mais le temps passa et n’amena aucun changement dans son état ; le repos non plus n’arrêta pas le frémissement douloureux de ses nerfs.

C’est qu’elle avait été brisée, mais non pas convertie. Il n’y a que chez les natures bien fortes que la passion cède à la volonté ; les natures faibles et exaltées, comme celle de la vicomtesse, ne peuvent supporter la lutte. Le renoncement d’ailleurs n’est pas une vertu de l’humanité : il faut l’aide de Dieu pour y atteindre. Toutes les philosophies échoueraient à le prêcher : la foi seule l’inspire. Aussi, en sacrifiant son amour, la pauvre Marguerite avait senti tout son être se dissoudre. Beauté, jeunesse, enthousiasme, espérance, tout était mort en elle.

À la voir pâle et fléchissante, errer dans le château le long des corridors, ou dans les allées dénudées par l’hiver, on eût dit, parfois, le spectre d’une âme en peine, cherchant ici-bas le mot de l’énigme de la vie. Cependant, alors, elle ne rêvait plus à de dangereuses chimères. Son pauvre esprit avait perdu tout ressort, et restait frappé de stupeur comme de paralysie.

Mais Jeanne voulait réparer cet effroyable malheur dont elle s’accusait. Peu à peu, et avec de sublimes délicatesses, elle enseigna l’amour filial à son petit-ne-