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— Je ne vous comprends pas, monsieur.

— Le hasard d’abord, et ma surveillance ensuite, m’ont mis sur la trace d’une intrigue déplorable. Une femme que son nom, sa famille, ses titres de mère et d’épouse, auraient dû rendre inattaquable, a été entraînée par vous à une coupable passion. Un moment même, j’ai été épouvanté par les fatales conséquences de ce triste amour… Je vous ai vu entrer au château il y a deux heures, et, si madame de Mauguet fût arrivée ici à votre bras tout à l’heure, vous ne l’eussiez fait monter dans votre voiture que sur mon cadavre. Mais vous êtes seul ; peut-être quittez-vous le pays repoussé par la femme que vous alliez séduire, ou rappelé au devoir par une voix saintement éloquente ; alors, je dois vous laisser passer, comme si je ne vous voyais pas, et oublier une heure de vertige, comme si je ne l’avais jamais connue ; peut-être, averti d’un danger pour cette nuit, par quelque circonstance ou quelque rencontre, sortez-vous du château ce matin avec le projet de renouveler demain votre tentative… — Alors… renoncez à revoir jamais la vicomtesse de Mauguet ou défendez votre vie !…

M. de Rouvré avait ramassé une des épées et maniait la poignée avec impatience. Il tremblait, car un terrible combat se livrait en lui ; la passion inassouvie, le besoin de se révolter contre une défense, et je ne sais quelle rage de vanité blessée le poussaient au duel ; l’honneur lui commandait de partir, en renouvelant à M. Thonnerel la promesse qu’il avait faite