Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/330

Cette page n’a pas encore été corrigée

complétement généreux, ni complètement déloyal, il se promettait de revenir errer dans cette campagne, où il avait passé près de Marguerite de si belles heures ; de rechercher dans cet air embaumé d’amour quelques vestiges de bonheur…, de revoir sa maîtresse un instant…

Au moment où il allait sortir du taillis qui bordait la route et rejoindre sa voiture, il se trouva face à face avec M. Thonnerel.

— Je vous attendais, monsieur, dit le conseiller d’État.

— Ah !… très-bien ! répondit l’officier qui, à la vue d’un homme, sentit soudain le besoin de venger sa déconvenue. Monsieur, je suis à vos ordres.

M. Thonnerel marcha vers une clairière où gisaient sur le gazon deux épées et une boîte à pistolets.

Sans plus d’explication, l’officier jeta son manteau à terre, puis sa redingote, et dit :

— C’est à vous de choisir les armes, monsieur… Avez-vous eu soin de prévenir le cocher de la voiture qui attend à la Poitevine ? Il faut qu’il se tienne aux ordres de celui de nous qui sera vainqueur.

— Monsieur, reprit le conseiller d’État, je craignais, en trouvant ici cette voiture de voyage, de ne pas vous y voir arriver seul. Ce doute était une injure pour une personne que j’aime, et que jusqu’ici j’avais honorée de tout mon respect. Maintenant, avant de vous demander une réparation par les armes, je désire savoir si l’honneur est sauf.