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vait se résoudre à quitter la partie, et à sortir de Mauguet ainsi… seul et chassé !

— Mademoiselle, balbutia-t-il, je ne saurais abandonner madame de Mauguet en ce moment…

— Au nom de l’honneur, sortez, monsieur ! reprit Jeanne avec une énergie toute-puissante ; et quittez le pays à l’instant !

— Marguerite, est-ce par votre ordre que ?…

— Partez, Emmanuel !… répéta la vicomtesse à bout de forces.

— Monsieur ! pas un mot de plus ! s’écria Jeanne en saisissant le bras de M. de Rouvré pour l’entraîner vers le cabinet… pas un mot de plus… car, à vous, qui êtes venu ici apporter le trouble et le malheur… à vous, qui avez failli ruiner l’œuvre de toute ma vie et flétrir l’honneur de ma maison, je n’ai pas de grâce à demander… mais j’ai une grâce à faire.

Cette fois M. de Rouvré ne résista plus. Il obéit à cet accent de suprême commandement, à cet ordre que lui criait sa conscience en même temps que la voix vibrante de Jeanne de Mauguet. Elle l’entraîna ; il se laissa conduire. Elle ouvrit la porte de la tour, regarda l’officier en face d’un regard sévère, et lui dit :

— Monsieur, vous avez une sœur… Un jour peut-être vous aurez une fille… Que voudriez-vous qu’elles fissent dans une pareille situation ? Et, si vous étiez à ma place, que penseriez-vous de l’homme qui jouerait le rôle que vous avez joué ici ?… J’en appelle à votre loyauté et à votre honneur !