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cœur peut-être… son berceau m’aurait gardée… — Ah ! laissez-moi partir, mademoiselle de Mauguet ! Ce n’était pas cette corde qu’il fallait toucher pour me retenir !… Mon fils ?… Est-ce que j’ai un fils ?… Est-te que l’enfant qui dort dans votre chambre est à moi ?… Non ! non !… Je n’ai rien, moi… Je ne tiens à rien, parce que nul ne tient à moi… Votre petit-neveu m’oubliera vite dans vos bras… Venez, Emmanuel !

M. de Rouvré, qui voulait en finir, fit un mouvement ; mais, soudain, Jeanne se jeta entre lui et sa maîtresse. Il s’arrêta frappé de stupeur. La sainte femme était tombée à genoux.

— Pardonnez-moi, Marguerite ! s’écriait-elle avec un indicible accent de prière et d’angoisse, et d’une voix où vibraient toutes les éloquences de son cœur.

La vicomtesse recula de quelques pas, stupéfaite et remuée jusqu’au fond des entrailles. M. de Rouvré se précipita pour relever mademoiselle de Mauguet.

— Qu’avez-vous, ma tante ? balbutia Marguerite.

— Je vous demande pardon, reprit Jeanne avec une dignité souveraine, mais en repoussant l’appui d’Emmanuel et en demeurant dans son humble posture. Je vous demande pardon, car je suis coupable de votre malheur, coupable de votre égarement, et je vais être coupable de votre crime, si vous partez. Oui ! c’était à moi de vous défendre, et je vous ai abandonnée… C’était à moi de songer au vide de votre cœur, à l’inaction de votre esprit, et je n’y ai point pris garde… Bien plus, vous aviez un enfant, un aliment pour le