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qu’en face de cette vieille femme, à la voix douce, à l’attitude miséricordieuse, contre laquelle il ne pouvait rien.

C’est que Jeanne de Mauguet, à cette heure solennelle, semblait apparaître comme la vivante image de l’honneur et du devoir ; et, si le cœur de l’homme est plus accessible encore que celui de la femme aux séductions de l’amour, son esprit, en revanche, est moins entraînable aux sophismes qui justifient les fautes. En enlevant madame de Mauguet, Emmanuel ne songeait qu’à contenter sa passion ; mais il ne s’abusait pas sur la portée d’une action qu’il savait mauvaise et déloyale.

— Serez-vous en paix avec votre conscience, monsieur, demanda Jeanne, quand vous aurez fait franchir à… ma nièce la porte qui la séparera pour toujours de son mari… de son fils ?…

— Mademoiselle, répondit-il avec embarras, pardonnez-moi d’avoir aimé, de m’être fait aimer… mais, maintenant, n’essayez plus de nous retenir… On ne revient pas sur certaines résolutions.

— Vous partirez donc, monsieur ; seulement, je vous préviens que je me mettrai devant chaque porte, et que vous devrez me repousser pour pouvoir passer.

— Que voulez-vous donc, mademoiselle de Mauguet ? s’écria Marguerite ; me retenir ici de force, et prisonnière ?…

— Je ne vous retiens pas, Marguerite ; si je l’avais voulu faire, je ne serais pas venue ici toute seule ;