Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

portait faillit lui échapper des mains, et elle demeura immobile et sans voix devant l’expression sauvage de Marguerite, qui lui montrait l’officier d’un geste audacieux en s’écriant :

— C’est mon amant, mademoiselle, avec lequel je vais partir !

Il y eut un moment de silence effrayant. Puis mademoiselle de Mauguet triompha de son saisissement, entra, posa sa lampe sur un meuble, et referma la porte avec précaution.

Sans pouvoir parler encore, elle marcha vers la vicomtesse, lui saisit les deux mains d’une puissante étreinte, et la regarda de ce regard fixe et profond qui dompte les fous.

Marguerite d’abord voulut résister :

— Mademoiselle, laissez-moi sortir ; mon parti est pris.

— Ne parlez pas si haut, répondit simplement Jeanne d’une voix douce, mais encore mal assurée ; il est inutile de réveiller les gens qui dorment.

— Ah ! il y a encore des gens qui dorment ?… Eh ! bien, croyez-moi, mademoiselle, ne vous opposez pas à mon départ… ne me forcez pas à attendre ici le mépris et l’injure. Je suis une femme perdue, vous le voyez bien… au lieu de me retenir, vous devriez me chasser…

— Vous souffrez, mon enfant, reprit Jeanne d’une voix plus douce encore ; calmez-vous.

Et, d’un mouvement plein d’autorité affectueuse, elle assit Marguerite dans un fauteuil en continuant :