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Ils poussèrent un double cri de terreur et de rage et coururent d’un mouvement spontané vers la fenêtre.

Emmanuel disait : — Fuyons par là, s’il en est temps encore ! et Marguerite songeait à l’étang, béant à ses pieds, comme un gouffre, et murmurait : — Mourons ensemble !

Mais, sur l’appui de la fenêtre, brillait une petite lampe dont la flamme, agitée par le vent, lançait dans la chambre des lueurs intermittentes.

Ils s’arrêtèrent devant cet obstacle, si frêle et si terrible, et se consultèrent d’un indéfinissable regard où luttaient la peur, la passion et la colère.

— Nous sommes traqués et pris comme des bêtes fauves ! s’écria Marguerite hors d’elle-même.

Soudain, les derniers remords s’éteignirent dans son cœur. Un ouragan d’orgueil et de révolte lui monta au cerveau.

— Tenons tête au malheur, dit-elle, et, puisqu’on nous empêche de fuir en nous cachant, nous sortirons par la grande porte de Mauguet !

— Bien ! répondit l’officier ; nous partirons dans une heure, ou je serai mort.

On frappa doucement à la porte qui s’ouvrait sur le corridor. Cette fois, la vicomtesse n’hésita pas comme la nuit où Myon avait causé ses premières terreurs. Sans plus attendre elle y courut, repoussa le verrou et l’ouvrit toute grande.

Jeanne de Mauguet apparut sur le seuil, pâle, tremblante, plus émue que la coupable. La lampe qu’elle