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II

C’est alors que nous les voyons réunis au vieux château de Mauguet, dans ce grand salon où tous les souvenirs du passé semblent s’être donné rendez-vous. Tandis que Jeanne, en présence du nouvel avenir qui s’ouvre devant elle, sent s’éveiller toute son énergie, Louis s’enivre du bonheur d’être près d’elle, de vivre de sa vie, de se sentir aimé, au moins d’amitié, par cette femme si longtemps admirée de loin, si passionnément adorée depuis une année.

Le curé restait absorbé dans la lecture du Génie du christianisme. Tantôt ses sourcils se contractaient en présence d’une déduction qui ne lui paraissait pas logique ou d’un argument sans valeur ; tantôt ses yeux lançaient des éclairs. Son cœur battait de joie en voyant cette religion, foulée aux pieds par la Révolution, se relever grande et fière, et renaître de ses propres ruines.

À voir ces trois jeunes têtes, plongées chacune dans des méditations différentes, mais toutes illuminées du feu de l’intelligence, on sentait qu’il y avait là une force réelle, une puissance qui accomplirait de nobles choses