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pages, écrites jour par jour, et racontant, une à une, ses tentations et ses tortures ?

— Il m’a fallu retourner à Limoges, où j’ai eu bien de la peine à trouver une voiture qui nous attend maintenant sur la grande route, près de la Poitevine. Nous allons gagner Poitiers où nous prendrons d’abord la diligence pour Paris. Je n’ai pas voulu qu’on vous vît avec moi traverser Limoges, car il fera jour bientôt. Et puis, si l’on nous poursuit…

— Oh !… vous me tueriez, Emmanuel, plutôt que de me laisser prendre ?

— Partons vite, Marguerite ; le temps presse, le jour approche, il faut aller à pied jusqu’à la grande route. Profitons de l’heure qui va s’écouler entre le coucher de la lune et le lever du jour. Avez-vous quelques bagages ?… donnez-les-moi.

Marguerite se prosterna en étouffant les sanglots qui l’oppressaient, envoya un adieu suprême à son fils, et suivit son amant, folle de consternation, et sans comprendre encore ce qu’elle allait faire, ni quelle fatalité la poussait à cette irréparable démarche.

Emmanuel appuya doucement le doigt sur le bouton de la serrure pour ouvrir la porte du cabinet, cette dernière barrière qui séparait encore la vicomtesse de Mauguet de la honte ; la targette céda, mais la porte demeura immobile. Il tira plus fort cette porte rebelle… mais la clef qu’il avait laissée sur la serrure, en entrant, avait été tournée du dehors. Ils étaient enfermés…