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cette porte grincer sur ses gonds, malgré les précautions infinies de la main qui l’ouvrait et la refermait. Soudain son cœur cessa de battre, son sang se glaça dans ses veines. Elle se leva tout d’une pièce, et étendit sa main dans l’ombre pour y chercher Emmanuel.

— C’est moi ! murmura-t-il, en saisissant cette main de marbre ; êtes-vous prête, Marguerite ?

Et d’une voix si basse que son amant l’entendit à peine, elle répondit :

— Oui !

Un moment ils demeurèrent embrassés, dans cette chambre où déjà ils avaient connu de folles ivresses et de terribles angoisses. Marguerite pleurait et pressait son amant d’étreintes convulsives. C’était comme des promesses d’amour qu’elle lui faisait, et d’autres qu’elle demandait en échange.

— Viens, dit-il, ne nous attardons pas.

Elle se dégagea doucement, et jeta un regard autour d’elle pour dire adieu à ces meubles, à ces gravures, à ces mille riens qui avaient environné sa vie depuis tant d’années déjà, et qu’on distinguait à peine dans l’obscurité ; puis elle marcha vers son petit bureau, l’ouvrit, et en tira le cahier où tant de fois elle avait épanché son cœur. Ce cahier, elle le posa bien en vue, connue l’explication de son départ et le testament de son cœur coupable. D’abord, en rentrant dans sa chambre, elle voulait écrire ; mais à quoi bon ? et que pouvait-elle dire que ne dissent cent fois mieux ces