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fils, sortit de la chambre à pas légers, et revint vers le salon où brillait encore de la lumière. Elle allait à tâtons, en suivant le mur. Arrivée près de la porte, elle avança la tête avec précaution, pour voir sans être vue. Jeanne, M. Thonnerel et le curé causaient à voix basse, et deux grosses larmes roulaient sur les joues de mademoiselle de Mauguet.

« Ils décident de mon sort, se dit-elle. Eh bien ! je vais trancher la question, avant qu’ils ne l’aient résolue !… »

Sans perdre une minute, elle retourna en arrière, gagna sa chambre, et s’y enferma. Puis elle fit doucement glisser dans leurs gâches les verroux du cabinet de toilette, entr’ouvrit sa fenêtre, écouta si rien dans le silence de la nuit ne trahissait la présence de son amant, rassembla quelques bardes à la hâte, et attendit.

Le clair de lune seul, éclatant comme la veille, éclairait cette chambre en désordre, où gisait, au milieu des vêtements épars, une femme en proie aux plus violentes angoisses et au plus dangereux délire. Elle était assise dans une bergère, les bras pendants, les yeux fixes, l’oreille tendue pour percevoir les moindres bruits qui témoigneraient du départ de ses juges ou de l’arrivée de son amant.

Longtemps elle n’entendit que les battements précipités de son cœur. Enfin, il lui sembla que la porte de la cour s’ouvrait et se refermait, et qu’on marchait dans le corridor, comme si, la délibération finie,