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pondit-il, comme s’il eût récité une leçon apprise.

— Qui est-ce qui t’a dit de m’aimer comme cela ?

— Ma tante.

— Qui aimes-tu mieux, ta tante, ton papa, ou moi ?

— Je vous aime bien tous les trois.

— Mais voudrais-tu venir avec moi, si je m’en allais, ou rester avec la tante ?

L’enfant ne répondit pas.

— Ah ! comme tu te passeras bien de moi ! dit la mère, avec une exclamation douloureuse.

Elle avait assis Pierre sur le lit et s’était agenouillée par terre, pour le déchausser. Quand ce fut fini, elle le regarda et détailla une à une les perfections de ce petit être, blanc et rose, qui lui appartenait pourtant, plus qu’à nulle autre personne au monde. Un sentiment étrange, et qu’elle n’avait jamais éprouvé, envahit son cœur. Ses larmes amoncelées coulèrent à flots. Elle le coucha pour qu’il ne prît pas froid, le couvrit bien et se cacha la tête dans les couvertures, pour pleurer à l’aise, sans qu’il l’entendît.

Elle pleura beaucoup et ne tint nul compte du temps qui s’écoulait. Enfin, elle leva la tête et vit à l’horloge qu’il était près de minuit. L’enfant dormait. Une terreur soudaine la fit tressaillir.

— Que fait mademoiselle de Mauguet qu’elle n’est point encore venue se coucher ? se demanda Marguerite… Et Emmanuel ? Que va-t-il entreprendre ? Quel drame se prépare autour de moi ?

Elle déposa un dernier baiser sur le front de son