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ma mélancolie… Ainsi, c’est jour de fête aujourd’hui ! Mes amis, mes enfants, réjouissons-nous ensemble !

— Oui ! s’écria le vicomte. Il faut marquer cette date par un nouveau souvenir. Ma tante, comme vous le disiez, c’est jour de fête ; mais c’est votre fête ! Je veux que nous vous la souhaitions tous, et que nous vous offrions, en guise de bouquet, les meilleurs, les plus purs, les plus doux sentiments de nos cœurs… et, pour donner à ces fleurs impalpables une représentation sensible, Marguerite, allez chercher votre fils ! Il est huit heures à peine, Pierre ne sera pas encore couché. Apportez-le sur les genoux de sa tante, et enseignez-lui, pour elle, des paroles d’amour et de respect !

Mademoiselle de Mauguet prit à deux mains la tête de son neveu qui s’était agenouillé devant elle, et l’embrassa au front. Puis elle se leva émue et frémissante, belle encore, de cette beauté de l’âme qui rayonne à travers les traits flétris et les transfigure. Le curé, M. Thonnerel, madame Margerie, s’empressèrent autour d’elle, et sur tous leurs visages se peignaient la tendresse et le respect.

Marguerite s’était hâtée d’obéir à son mari, heureuse d’avoir un prétexte pour sortir un instant de ce milieu où elle étouffait, et ne pas se joindre à ces témoignages et à ces caresses.

Emmanuel de Rouvré ne supportait qu’avec impatience la fausseté de sa position ; mais il avait résolu d’en finir avec tous les obstacles, et de vaincre, puisque le combat était engagé.