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VI

Marguerite, écrasée par cette humiliation, revint au château comme un condamné qui marche au supplice. Elle abandonnait les rênes de sa destinée, se sentant impuissante à prévenir une catastrophe. Tout ce qu’elle trouva le courage de faire, ce fut, en rentrant, de préparer pour Emmanuel un laconique billet où elle lui disait :

« Ne venez pas, méfiez-vous de Maillot. Je vous écrirai demain par la poste. »

Puis elle se laissa aller au courant de la vie ordinaire et attendit.

En ce moment, elle se méprisait elle-même comme une chose avilie, et n’avait même plus la force de se reprendre à son amour. Les émotions de toute nature la terrassaient.

— Je suis perdue, se disait-elle… et qu’importe l’heure où mon jugement et ma condamnation me seront signifiés ?… Qu’importe le nom du bourreau qui m’exécutera ?…

Et il lui semblait qu’un tourbillon l’entraînait, de chute en chute, à travers les spirales infinies de l’enfer