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avait cruellement senti le vide autour d’elle. Depuis longtemps son cœur affectueux ne trouvait plus où se reposer. Elle prit pour Éléonore de Brives une tendresse presque maternelle, et sut admirablement conduire cette jeune intelligence dans les bonnes voies.

Elle resta sept ans près de son élève. M. de Brives les emmena avec lui dans ses voyages. C’est ainsi que Jeanne vit Paris pendant les derniers jours de la terreur, puis sous le règne des thermidoriens et du Directoire.

Les événements et les hommes passèrent devant elle. Une multitude d’idées neuves se firent jour dans son esprit. Elle comprit le véritable sens des bouleversements politiques qui avaient changé la face de la France. Sans entamer un seul instant ses convictions et ses sympathies, les faits accomplis furent pour elle d’un haut enseignement.

Peu à peu les orages s’apaisaient, et tout rentrait dans l’ordre. La France respirait et demandait surtout à être gouvernée. Le Directoire tombait et Bonaparte devenait premier consul.

Vers cette époque, mademoiselle de Brives se maria. Jeanne qui voyait quelques biens retourner à leurs légitimes possesseurs, après des réclamations légales et puissamment appuyées, se souvint de ses droits d’héritière, non émigrée, sur une partie des terres de Mauguet.

Elle quitta Paris et la maison de son élève pour retourner à Limoges. De l’avis de M. de Brives, elle in-