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Magdeleine ; et, tandis qu’elle les voyait tomber, l’une après l’autre, sur les feuilles de son paroissien, elle songeait encore à la Marguerite de Gœthe pleurant, elle aussi, en cachant son visage, tandis que l’orgue chantait.

Car elle avait un orgue, cette pauvre église de Saint-Jouvent, aux murs badigeonnés de chaux, à l’autel de bois peint, au Chemin de la Croix en gravures d’Épinal enluminées de bleu et de rouge. Elle avait un orgue, donné par Jeanne aussitôt sa fortune améliorée, et que le curé Sylvain Aubert jouait tous les jours pendant de longues heures dans l’intervalle des offices. Le maître d’école savait assez de musique pour accompagner la messe et les vêpres ; et cette harmonie sacrée qui se répandait au loin dans la campagne donnait aux cérémonies religieuses de la modeste paroisse une solennité toute particulière. C’est pourquoi, lorsqu’il faisait beau, on venait de loin pour entendre la messe à Saint-Jouvent. Souvent alors, après vêpres, quand le concours avait été nombreux, le curé se plaisait à donner aux fidèles un rapide concert pour les récompenser de leur zèle.

Les simples accords du maître d’école suffisaient en ce moment à émouvoir l’âme vibrante de Marguerite. Ses nerfs se détendaient, comme sous les efforts d’un magnétisme bienfaisant. Elle se surprenait à répondre les versets latins en même temps que l’enfant de chœur, à suivre l’office des lèvres comme les