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— C’est quelque bête fauve, dit Emmanuel pour calmer les alarmes de sa maîtresse, qui se vit sur-le-champ dénoncée, livrée par quelque espion subalterne à la malignité publique.

— Ou plutôt, reprit-elle, c’est un braconnier qui tendait ses collets…

— Eh bien ! quand même ce serait un braconnier, qui vous dit qu’il nous a vus, et reconnus, surtout ? d’ailleurs, il aura peur de nous, autant que nous de lui…

— Pourvu que nous ne soyons pas le gibier qu’il chasse, ce braconnier-là !

Ils revinrent vers le château en suivant des chemins détournés, et en étouffant le bruit de leurs pas dans l’herbe. Le clair de lune, si beau, qui tout à l’heure les ravissait, leur était devenu insupportable. M. de Rouvré cherchait de tout son pouvoir à rassurer Marguerite en lui démontrant que cette rencontre n’était qu’un coup de hasard, mais il était inquiet.

— En tous cas, dit-il, j’irai demain à Mauguet, dans la journée, faire une seconde visite. Prévenez-moi par un signe ou un billet, si vous croyez avoir un vrai sujet de crainte.

Cependant, lorsqu’ils furent arrivés au bord du bois, ils se séparèrent. Emmanuel n’osa pas se risquer en pays découvert, à côté de la vicomtesse, par cette nuit éclatante. Il lui laissa regagner seule le château, tandis qu’il surveillait les alentours.

Rien ne parut ; la silhouette seule de Marguerite qui