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Mauguet était novice. Elle s’échappa avec une de ses compagnes, et trouva un asile dans une famille d’artisans.

Mais, depuis trois ans déjà, tous les hôtes de Mauguet avaient émigré. Partis d’abord pour quelques mois, pour quelques jours peut-être, ils s’apercevaient, au delà du Rhin, que le serment du Jeu de Paume n’était pas une simple révolte de parlement. Jeanne, qu’on avait laissée à Beaulieu, comme en un asile sûr et sacré, ignorait jusqu’au lieu de refuge de sa famille. Elle ne possédait, d’ailleurs, point de ressources pour la rejoindre, quand même toutes les communications n’eussent pas été interrompues. Il fallut donc rester à Angoulême, et tâcher d’y vivre sans être à la charge de pauvres ouvriers.

Pendant près de deux années, la noble fille s’ingénia de mille façons pour gagner sa vie. Elle fut tour à tour couturière, brodeuse, copiste. Mais ces menus travaux étaient peu rétribués, et pouvaient manquer d’un jour à l’autre ; il fallait se faire une position moins précaire.

Vers le milieu de l’année suivante, elle apprit par hasard que le représentant envoyé en mission dans un département voisin était veuf, et avait une fille de douze ans qu’il cherchait à faire élever par une personne recommandable.

M. de Brives, le représentant dont il est question, n’était point un jacobin grossier comme quelques-uns de ses collègues. C’était un gentilhomme corrézien