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Cependant la maladie du docteur Margerie prenait de la gravité et répandait de la tristesse dans la petite société du château. On se souvenait trop qu’il l’avait gagnée au service de la famille. Et puis, il comptait soixante-huit ans, et, à cet âge, une indisposition qui se prolonge devient vite inquiétante. D’abord, M. Thonnerel et le curé s’étaient empressés auprès de son lit ; bientôt Jeanne et Marguerite y passèrent leurs journées.

On l’aimait tant, ce brave docteur, qui, depuis plus d’un demi-siècle, était venu apporter dans le petit cercle le contingent de sa bonne humeur et de son affection ! qui avait donné son dévouement et ses soins à quatre générations ; qui semblait une vivante chaîne entre le passé et le présent !

Enfin, une fluxion de poitrine se déclara, et malgré les soins multipliés de sa femme, de Jeanne et de Marguerite, malgré les secours de toutes sortes amenés par M. Thonnerel et l’abbé Aubert, malgré les prières de Pierre, à qui l’on avait appris de bonne heure la reconnaissance, le bon docteur succomba.

Ce fut un deuil profond à Mauguet, un vrai deuil de famille. Jeanne ramena la veuve au château et l’y installa. Marguerite s’habilla de noir comme sa tante. On s’enferma pour pleurer, et un mauvais portrait du docteur, le seul qui subsistât, fut placé au salon avec ceux des ancêtres.

M. de Rouvré sentit qu’il devait cesser ses visites pendant quelque temps. La vicomtesse elle-même,