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ment qu’avait gagné le docteur Margerie dans sa course empressée, par une nuit pluvieuse, et qui le retenait au lit avec la fièvre.

Marguerite, rudement secouée par les angoisses qu’elle avait endurées pendant cette fatale nuit, effrayée du précipice creusé sous ses pieds par cette passion, et dans lequel peu s’en était fallu qu’elle ne tombât, Marguerite, encore bourrelée de remords et de honte, se défendait provisoirement contre les occasions de chute. Elle tenait à distance les enivrements de la passion, et ne voulait plus se hasarder aux entrevues nocturnes avec son amant. Quelques causeries rapides, pendant les tête-à-tête fortuits qu’arrangeait le hasard, suffisaient alors à leurs épanchements. Mais, si la vicomtesse, au moment de franchir la dernière barrière, se reculait soudain par un mouvement d’effroi, elle ne renonçait pas pourtant à l’amour d’Emmanuel. Il n’était plus temps pour elle de se retenir aux branches du rivage. Le courant l’emportait.

M. de Rouvré, au contraire, s’irritait des obstacles, après s’être irrité des lenteurs de sa maîtresse : toutefois, il se tenait pour certain de la victoire à la première occasion, et ne voulait pas violenter, par ses emportements, les derniers scrupules de la conscience.

Telles furent les causes qui suspendirent la marche des événements, après l’accès de croup de Pierre de Mauguet.