Page:Cadiot - Jeanne de Mauguet.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

penchant davantage pour cacher le rouge qui lui montait au front.

— Vous remettrez les vis, ajouta-t-il vivement ; puis, en voyant que personne en ce moment n’était à portée de les entendre, il continua : — J’ai pris l’empreinte… demain, j’aurai une clef…

— Ne venez pas ! s’écria Marguerite, révoltée par l’horreur de prendre en face de son fils un pareil rendez-vous.

— Quoi donc, maman ? demanda le petit Pierre, qui fut tiré de sa somnolence par cette réponse impétueuse.

— Rien, mon enfant chéri. Repose-toi : dors, répondit la mère avec une caresse.

L’enfant guérit, et, deux jours après, tout était rentré, à Mauguet, dans l’ordre accoutumé. On y menait cette bonne vie de famille qu’envient tant les êtres déclassés, les vieux célibataires oubliés par la débauche. On s’y aimait dans la paix ; on jouissait des travaux et des soins continués pendant vingt-cinq ans. La présence de Louis Thonnerel, l’admirable ami, faisait le charme du tranquille intérieur créé par Jeanne de Mauguet ; les visites fréquentes du jeune officier y jetaient un peu d’animation ; la beauté de la vicomtesse l’éclairait comme un rayon de soleil, et le gentil babil du petit Pierre semblait un chant d’oiseau printanier, un gai ramage de pinson au milieu d’un beau jour d’été.

Seulement, on s’inquiétait un peu d’un refroidisse-