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le mieux qui se déclarait, car il se disait que ce fils, seulement, assurait l’avenir de sa famille et de sa maison. La vicomtesse avait le cœur déchiré par l’inquiétude et le remords.

Seule, cependant, parmi tous, elle gardait en elle-même une obsession étrangère.

« Comment faire évader Emmanuel ? » se disait-elle. Les domestiques étaient éveillés. Ils allaient et venaient dans la maison. Le jour commençait à poindre. De minute en minute, les difficultés devenaient plus grandes. Et puis les phrases de Myon retentissaient encore à ses oreilles, avec mille intonations cruelles. Elle craignait d’être épiée. Et, lorsqu’elle pensait à quitter cinq minutes la chambre de Jeanne pour courir mettre son amant en liberté, elle craignait plus encore d’être découverte.

« Ne le suis-je pas déjà ? » se demandait-elle en se répétant, pour la centième fois, les paroles aigres de la vieille servante.

Toutefois, elle se dit que le dernier moment où elle pouvait encore essayer de faire sortir Emmanuel était venu, et que, si elle attendait davantage, il serait trop tard ; alors il faudrait évidemment attendre encore jusqu’à la nuit suivante. Elle eut peur aussi qu’il ne manquât de patience, et ne fit quelque imprudence. Enfin, elle pensa que, si M. de Rouvré demeurait enfermé jusqu’au soir, il voudrait être payé de ce supplice…

Ces raisons la déterminèrent à tenter l’entreprise.