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V

L’état de Pierre de Mauguet demeura incertain pendant la fin de la nuit et les premières heures de la matinée.

C’était un spectacle touchant que celui de cette chambre, d’une simplicité presque monacale, où se groupaient, autour du lit d’un enfant malade, ces vieillards et ces jeunes gens, unis dans une même angoisse et dans une même prière.

Louis Thonnerel le vieux conseiller d’État, le curé de Saint-Jouvent et le docteur Margerie n’avaient-ils pas aussi apporté à l’avenir de cette chère créature leur contingent de sacrifices, de travaux et de soins. Il était leur enfant à tous, ce petit Pierre jusqu’alors si bien portant, si intelligent et si gai !

Ils parlaient bas, et seulement pour se communiquer leurs observations au sujet de la toux qui changeait peu à peu de caractère ; et, dès que l’enfant paraissait s’assoupir, ils se consultaient seulement du regard. Mademoiselle de Mauguet surtout, et Louis Thonnerel le couvaient des yeux comme s’il eût été leur petit-fils. Le vicomte restait inquiet et triste, malgré