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mais, Myon qui gouvernait les pots et les théières, ne la laissa toucher à rien. Elle revint près du lit, s’assit, et regarda tristement son fils, tandis que Jeanne commandait et dirigeait le traitement en attendant le docteur Margerie. Cependant tout à coup, cette inutilité, où elle se sentait réduite, l’indigna, la colère et les émotions de tout genre n’étaient pas encore assez étouffées par l’inquiétude et la douleur, pour ne pas se réveiller à cette blessure.

— Pourquoi donc, dit-elle à Myon, n’osant s’adresser à Jeanne, pourquoi donc, quand mon fils est malade, suis-je avertie la dernière ?…

— C’est-à-dire, reprit mademoiselle de Mauguet avec un ton plein en même temps de fermeté et de douceur, que vous êtes venue la dernière, Marguerite ; puis, soudain, dans la crainte de donner à cette observation la valeur d’un reproche, la bonne créature ajouta : — Vous habitez à l’autre extrémité du château ; comment auriez-vous pu entendre Pierre tousser ?… tandis que Charles, dont la chambre est contiguë à la mienne, s’est trouvé là tout de suite. Je vous ai envoyé Myon dès que j’ai eu de l’inquiétude.

Marguerite n’avait rien à répondre et ne pouvait se plaindre de personne ; elle se tut, en attendant le docteur, qui ne devait pas tarder à arriver.

La gorge de l’enfant cependant, s’embarrassait de plus en plus ; les tisanes lui devenaient difficiles à avaler. Jeanne le regardait avec une angoisse inexprimable. On eût dit, à la voir debout devant ce petit